Mise à jour - le 31 octobre 2007

NOUVELLES RÉCENTES concernant LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES INTERNATIONALES

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La stratégie à long terme de la BM – Ainsi vont les affaires?
Cent jours après son entrée en fonction, le président de la Banque mondiale Bob Zoellick a exposé sa vision d’une « mondialisation viable et solidaire […] pour vaincre la pauvreté [et] promouvoir la croissance dans le respect de l’environnement ». Cette stratégie vise aussi à mieux intégrer les activités du Groupe de la Banque mondiale (GBM) et à construire une institution à la fois plus flexible et plus solide financièrement. Et ceci se produit à un moment où la Banque mondiale cherche désespérément à ramener à elle de nouveaux emprunteurs et à bâtir de nouveaux marchés dans un contexte qui regorge de nouvelles sources de financement du développement.

La stratégie en six points de Zoellick vise à stimuler la croissance économique dans les pays à faibles revenus; traiter les problèmes des pays sortant d’un conflit; créer pour les pays à revenus intermé¬diaires un modèle opérationnel qui leur offre un éventail de solutions et de services (et des taux d’intérêts plus bas); contribuer à la promotion des biens publics mondiaux (lutte contre le changement climatique et le VIH/SIDA); promouvoir le développement au sein du monde arabe; entretenir le « brain trust » constitué par l’expérience de la Banque et fondé sur l’« honnêteté intellectuelle ».

Le sens concret de cela n’est pas clair. Mais tout laisse croire que le GBM se sert plus ouvertement de ses guichets de prêt au secteur privé et d’assurance (SFI et AMGI) pour interfinancer son guichet de prêt au secteur public (IDA) et prendre en charge certains risques afférents en utilisant le « surplus » de développement pour éponger le « déficit » du guichet privé. Ceci est évident lorsqu’on observe, par exemple, la volonté affirmée d’accroître le portefeuille de la SFI; les contributions récentes de la SFI à l’IDA; l’insistance par l’IDA et la SFI sur le co-investissement dans des partenariats publics-privés; et le refus entêté de la SFI de dévoiler l’impact sur le développement des projets qu’elle soutient. Quant à la position de la BM sur les biens publics mondiaux, elle met l’accent davantage (rien d’étonnant) sur les solutions du marché que sur la lutte aux problèmes sous-jacents. On le voit clairement dans le discours sur la prise en charge par l’AMGI des garanties de marché contractées par les bailleurs de fonds pour des médicaments et des vaccins (plutôt que l’amélioration les régimes de santé) et dans le fait d’offrir de l’assurance contre les catastrophes aux pays vulnérables au climat (plutôt que de réduire le soutien de la BM aux carburants fossiles). Ainsi vont les affaires? Non. Ainsi vont les grosses affaires.


« Façonner l’avenir pour une mondialisation solidaire et viable », http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/NEWSFRENCH/
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RSE : une nouvelle plume au chapeau d’EDC?
Le dernier mois a été très spécial pour Exportation et développement Canada (EDC), l’organisme canadien de crédit à l’exportation (OCE). En effet, c’est le mois dernier qu’EDC a tenu sa première assemblée publique annuelle, en présence de divers participants. L’organisme a convenu de rendre publique l’information relative aux projets de catégorie B (dont les effets sur l’environnement sont seront vraisemblablement moins nuisibles que ceux des projets de catégorie A). Le mois dernier, il a aussi été classé parmi les organismes assujettis à la Loi sur l’accès à l’information. Enfin, EDC vient également d’adhérer aux principes de l’Équateur (PE), un ensemble de normes que plus de 55 banques privées – dont BMO Groupe financier, CIBC, Manuvie, RBC Groupe financier, Banque Scotia, Groupe financier Banque TD – ont accepté d’appliquer volontairement à leurs opérations de financement de projets.

Nous apprécions ces améliorations. Cependant, l’adoption des PE par EDC laisse perplexe. Sa propre directive environnementale et les approches communes de l’OCDE, qui servent de guide en matière de respect de l’environnement à tous les OCE, font déjà référence aux critères de performance de la Société financière internationale, sur lesquels sont basés les PE. Qui plus est, alors qu’EDC devient plus transparente, les banques signataires des PE sont reconnues pour leur manque de transparence. Enfin, on ne sait rien de l’impact que l’adoption des PE a eu sur l’OCE du Danemark, le seul autre OCE qui les ait adoptés. L’adoption des PE par EDC apparaît donc comme une mesure redondante plutôt qu’une preuve de sa volonté de protéger l’environnement. Cela dit, la société d’État a peut-être voulu rehausser le lancement du relativement modeste portefeuille de financement de projets des cinq grandes banques canadiennes et susciter de nouvelles occasions de co-financement en rationalisant le processus d’évaluation des projets. D’autre part, cette adhésion d’EDC aux PE peut aussi exercer une pression sur les banques privées qui ont adopté les PE et les amener à progresser sur les plans de la transparence et du respect des règles. Mais, selon le dicton, nous jugerons l’arbre à ses fruits.


The Equator Principles (en anglais)
http://www.equator-principles.com
Banktrack (réseau d’ONG intéressé aux principes de l’Équateur) http://www.banktrack.org/?menulang=fr
Semaine mondiale d’action contre la dette
Des milliers de militants et responsables de campagnes contre la dette appartenant à près de 300 groupes de 60 pays ont participé à la deuxième Semaine annuelle mondiale d’action contre la dette et les institutions financières internationales, du 14 au 21 octobre 2007. Les groupes ont organisé une série d’ateliers, des forums publics, des rencontres avec les agents publics, des marches, des jeûnes et des tribunaux du peuple. Ils ont aussi émis des déclarations réclamant la vérification des dettes nationales envers le FMI et la BM, la vérification externe des opérations et des politiques de crédit de la Banque et du FMI, l’annulation et la répudiation des anciennes dettes illégitimes (voir Mise à jour 10, 2006), ainsi que la fin des conditionnalités imposées par la Banque mondiale et le FMI.

Cette Semaine mondiale d’action coïncidait avec le 20e anniversaire de la mort de Thomas Sankara, ex-président du Burkina Faso qui appela à la répudiation de la dette, ainsi qu’avec la Journée mondiale de l’alimentation, la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, la Journée mondiale de la jeunesse et la Réunion annuelle ministérielle du FMI et de la BM à Washington.


Semaine mondiale d’action contre la dette et les IFI (multilingue)
http://www.debtweek.org/
Babillard – Ce mois-ci…
  • L’ancien économiste de la Banque mondiale Joseph Stiglitz a salué le projet de Banque du Sud (voir Mise à jour 6, 2007) en soulignant l’importance de cette institution pour exprimer les perspectives du Sud et accroître la concurrence dans le domaine du crédit au développement.
  • Le 15 octobre, la Banque mondiale s’est à nouveau retrouvée au banc des accusés (voir Mise à jour 9, 2007), cette fois à La Haye. Le Tribunal permanent des peuples, qui a déjà fait comparaître la Banque mondiale en 1988 et 1994, entendait des témoins venus décrire les répercussions des politiques et des pratiques de la Banque, dont les conditionnalités et le soutien aux projets d’énergies fossiles. Le tribunal accusait l’institution d’infractions graves contre la démocratie, les droits humains et la souveraineté. http://www.france.attac.org/spip.php?article7659
  • Un rapport cinglant du Panel d’inspection de la Banque mondiale conclut que la Banque a surestimé la valeur des forêts de la République démocratique du Congo, la deuxième en importance dans le monde, incité les entreprises étrangères à y pratiquer des coupes destructives, rompu les garanties de la Banque et mis en danger la vie de milliers de Pygmées congolais. Ce rapport répond à une plainte déposée il y a deux ans auprès du Panel par douze groupes de Pygmées qui accusaient le système de concessions forestières soutenu par la Banque de causer des « préjudices irréversibles ».
  • Dans un chapitre de son rapport semestriel World Economic Outlook, le FMI reconnaît que la mondialisation (libéralisation du commerce et augmentation du ratio exportations-PIB) a eu un effet global d’accroissement de la richesse mais que l’ouverture accrue à l’investissement a creusé l’écart entre les riches et les pauvres. http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2007/02/pdf/c4.pdf
  • Le Canada est devenu le 103e pays à ratifier la Convention des Nations Unies contre la corruption. Entrée en vigueur le 14 décembre 2005, la Convention contient des dispositions sur la prévention, la criminalisation, la coopération internationale et le recouvrement des actifs.
  • Mark Carney, actuellement sous-ministre délégué principal des Finances et délégué du Canada auprès du G-7, deviendra le nouveau gouverneur de la Banque du Canada à compter de février 2008. Il sera remplacé par Tiff Macklem, sous-gouverneur de la Banque du Canada, le 1er novembre.
  • Stephen Harper a annoncé une liste de nouveaux secrétaires parlementaires de divers ministres, parmi lesquels Deepak Obhrai (Affaires étrangères), Brian Pallister (Commerce international et Coopération internationale), Ted Menzies (Finances) et Mark Warawa (Environnement).


Nouvelles publications
Événements à venir
  • Lancement officiel et signature de la charte de la « Banque du Sud » (Banco del sur), le 3 novembre, à Caracas, au Venezuela.
  • Deuxième conférence annuelle sur « L’étude d’impact sur les droits humains en pratique », 29-30 novembre, Pays-Bas. http://www.humanrightsimpact.org/hria-conference/2007/

LES FAITS : Résultats des réunions annuelles de la BM et du FMI
Quelques points du communiqué émis par le Comité du développement
Orientation stratégique de la Banque mondiale – Le communiqué constitue une carte blanche donnée à Zoellick pour la poursuite de sa vision.

Nouveau financement de l’Association internationale de développement (IDA) – On insiste sur l’importance d’une forte reconstitution des ressources de l’IDA. Bien que la décision ait été prise une semaine avant les réunions annuelles, Bob Zoellick fait ses choux gras de la contribution de 1,5 milliard de dollars de la Société financière internationale (SFI) dans son appel au financement. Zoellick annonce également que des entreprises privées lui ont signifié leur intérêt à effectuer une contribution. La reconstitution des ressources de l’IDA constituera un premier vote de confiance envers Zoellick. (Voir notre fiche d’information sur la quinzième reconstitution des ressources de l’IDA.)

Rôle de la BM dans la lutte contre le changement climatique – On reconnaît les progrès accomplis relativement au Cadre d’investissement pour les énergies propres, la nécessité pour la Banque d’appuyer davantage les efforts d’approvisionnement en énergie propre et renouvelable, ainsi que de formuler un cadre stratégique pour guider l’action de la Banque en matière de changement climatique.

Quelques points du communiqué émis par le Comité monétaire et financier international
État de l’économie mondiale – On note les « turbulences récentes sur les marchés financiers dans les pays avancés » (crise américaine du marché hypothécaire de seconde catégorie) et leurs effets sur la croissance. « [L]’innovation et la titrisation […] ont aussi posé de nouveaux défis qui appellent des solutions appropriées », et six questions seront étudiées d’ici la prochaine réunion. Le communiqué relève aussi certains facteurs fondamentaux d’une croissance durable.

Réforme des quotes-parts et de la représentation – On espère trouver un accord sur la formule des quotes-parts d’ici les réunions du printemps. Toutefois, les pays n’ont pu s’entendre que sur le fait que le PIB soit « la variable la plus importante » mais que la parité des pouvoirs d’achat ait aussi un rôle à jouer (de même qu’un facteur de compression ayant pour but d’augmenter le poids des pays à faible revenu et des économies émergentes). L’augmentation totale des quotes-parts devra être de 10 % et les voix de base devront au moins doubler.

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Pendant ce temps, les pays en développement membres du Groupe des 24 ont demandé au FMI de mettre autant d’énergie à examiner la situation des économies avancées que des économies émergentes, en référence à l’effondrement du marché hypothécaire américain de seconde catégorie qui a déclenché une crise mondiale. Pour être juste et impartial, le FMI avait aussi besoin d’assurer une bonne redistribution des droits de vote parmi les pays en développement qui y sont représentés, un sentiment aussi exprimé par les ministres africains des Finances. Cette question est liée à celle de la légitimité du FMI également mise en cause à la lumière des nouvelles nominations au FMI et au CMFI, qui donnent au FMI un visage plus européen qu’international.


Communiqué du Comité du développement, http://siteresources.worldbank.org/DEVCOMMINT/Resources/DCCommunique(F)Final.pdf
Communiqué du Comité monétaire et financier international, http://www.imf.org/external/np/cm/2007/102007af.htm