Noranda fait face à une résistance de poids : le président chilien s’oppose à son projet d’aluminerie en Patagonie.
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Le 11 août 2003 – Lors d’une récente visite en Patagonie, le président du Chili Ricardo Lagos a déclaré qu’il était vigoureusement opposé au projet Alumysa concernant la construction d’une aluminerie par la compagnie canadienne Noranda inc. dans la baie de Chacabuco, milieu fragile situé dans la province chilienne de Aisén, en Patagonie.
« Nous sommes très fiers de nos ententes internationales, mais si nous ne respectons pas l’environnement, les pays développés finiront par imposer des barrières vertes, et non des barrières tarifaires, c’est-à-dire qu’ils pourraient refuser d’importer un produit qui ne serait pas produit conformément au droit de l’environnement », a expliqué le président Lagos.
Noranda prévoit construire six barrages, trois centrales hydroélectriques, un méga-port, des routes et des lignes de transport d’énergie dans la région. L’aluminerie projetée produira environ 440 000 tonnes de lingots d’aluminium par année, rejetant par contre, 1,5 million de tonnes de déchets solides et gazeux par année dans cet écosystème fragile. Les barrages inonderont 9 600 hectares de terres, en plus des 600 hectares qu’ils endommageront.
Le président Lagos se joint ainsi au nombre croissant de politiciens chiliens opposés au projet. Noranda a déjà rencontré une forte opposition de la part de divers groupes écologiques, syndicaux et de défense des droits de la personne, au Chili comme à l’étranger. Ces groupes s’opposent à ce projet non seulement en raison de la pollution qu’il produira dans une des dernières régions non polluées de la planète, mais également parce qu’il est en contradiction avec la stratégie de développement de la région. Cette stratégie repose sur l’écotourisme, l’agriculture durable et la pêche. Une grande partie de l’industrie chilienne du saumon, dont la valeur atteint le milliard de dollars, dépend également de cette région. La matière première nécessaire à l’aluminerie prévue serait importée, et ses produits seraient exportés, de sorte que le Chili n’en retirerait que peu d’avantages.
« Nous désirons féliciter le président pour avoir osé dénoncer ce projet, déclare Mel Quevillon, de Mines Alerte Canada. La société Noranda doit se rendre compte qu’il n’y a pas que les écologistes qui sont opposés à son projet, mais un nombre considérable de représentants gouvernementaux. Elle doit remettre en question la poursuite du projet. »
Le président Lagos a suggéré de déplacer le projet d’aluminerie ailleurs au Chili. Or les représentants de Noranda ont indiqué que la province de Aisén était le seul emplacement pratique pour son projet, les vastes réserves d’eau de cette région permettant de limiter au maximum les coûts d’exploitation de l’aluminerie. La fonte de l’aluminium étant un processus énergivore, Noranda espère générer de l’électricité en endiguant les eaux locales.
Noranda a déposé en août 2001 ses premières demandes de permis environnementaux devant lui permettre de poursuivre son projet de 2,75 milliards de dollars. Les autorités environnementales chiliennes ont opposé 1400 critiques à la première étude d’impact environnemental (EIE) présentée par la compagnie. Noranda doit déposer un deuxième addenda à cette EIE en novembre 2003, après quoi le gouvernement décidera s’il accorde ou non les permis demandés.
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Pour tout renseignement, communiquer avec Mel Quevillon, Mines Alerte Canada, 613-569-3439, ou Fraser Reilly-King, Groupe de travail d’ONG sur EDC, 613-789-4447.