LettreouvertMartin

COMMUNIQUÉ DE PRESSE – LE 29 SEPTEMBRE 2004

POUR PUBLICATION IMMÉDIATE

Des groupes de la société civile canadienne demandent au Premier ministre Paul Martin de faire pression en faveur de l’annulation inconditionnelle de la dette des pays les plus démunis

Ottawa – Des organismes de la société civile canadienne ont fait parvenir aujourd’hui une lettre ouverte au Premier ministre Paul Martin réclamant que le Canada appuie l’annulation complète de la dette des pays les plus pauvres. Des rencontres qui se tiendront à Washington au cours de la fin de semaine à l’occasion des assemblées d’automne de la Banque mondiale et du FMI pourraient permettre d’établir un plan pour régler le problème de la dette écrasante des pays les plus démunis.

« Monsieur le Premier ministre, cette question représente une occasion clé où le Canada peut exercer le leadership international dont vous avez vous-même parlé avant et pendant la dernière élection fédérale. Nous espérons que le gouvernement du Canada profitera de cette occasion pour assurer une solution durable à la crise de l’endettement qui touche les pays les plus pauvres de la planète », écrivaient les signataires de la lettre.

Au cours des récentes semaines, on a relaté que les États-Unis et la Grande-Bretagne s’apprêtaient à présenter des propositions concurrentes d’annulation de la dette de certains pays pauvres. Bien qu’il semble y avoir consensus sur la nécessiter d’annuler ces dettes, il ne semble pas encore exister d’accord quant au financement de cette opération.

Des organismes de la société civile œuvrant dans les domaines du développement, de l’environnement, des syndicats, des droits de la personne et de la foi religieuse demandent au Canada de faire preuve de leadership dans ces négociations et de proposer une solution durable et susceptible de mettre fin au cercle vicieux de l’endettement.

« Le Canada devrait présenter une proposition visant à s’assurer que l’annulation de la dette ne compromettra pas les apports actuels et futurs d’aide internationale et attribuant la responsabilité financière de la crise à qui elle revient : à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI) », a déclaré Michael Bassett, coordonnateur de la Coalition de l’Initiative d’Halifax.

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Pour tout renseignement additionnel :

Michael Bassett, Coordonnateur, Coalition de l’Initiative d’Halifax 613-789-4447

John Mihevc, Président, Coalition de l’Initiative d’Halifax, Chef d’équipe, Global Justice - Kairos 416-463-5312, poste 228

À Washington pour les réunions de la Banque mondiale et du FMI

Derek MacCuish,

Comité pour la justice sociale : (cell.) 514-213-6516

 

Le 29 septembre 2004

 

Monsieur Paul Martin

Premier ministre du Canada

80, rue Wellington

Ottawa (Ontario)

K1A 0A2

 

Objet : Lettre ouverte au Premier ministre Paul Martin demandant l’

annulation de la dette des pays les plus démunis

 

Monsieur le Premier ministre,

 

Plus que tout autre leader du G-7, peut-être, vous connaissez l’importance

de l’annulation de la dette pour les pays les plus démunis, ainsi que l’

échec des stratégies utilisées dans le passé pour apporter une solution au

problème de l’endettement. Malgré des gains importants assurés par les

stratégies actuelles d’allégement de la dette, les pays pauvres continuent

de consacrer plus d’argent au service de leur dette qu’à la santé et à l’

éducation. Certains pays d’Afrique continuent de verser pour le

remboursement de leurs dettes des sommes supérieures à ce qu’ils reçoivent

en aide au développement et, dans la plupart des cas, ces sommes dépassent

leur budget combiné de santé et d’éducation.

 

Comme vous le savez, dans les prochains jours, les pays les plus riches du

monde pourraient être prêts à adopter une mesure importante et nécessaire en

vue d’annuler la dette de certains des pays les plus démunis. Nous demandons

au gouvernement du Canada de s’assurer que les leçons du passé seront

intégrées dans ces nouveaux plans et que les leaders du G-7 exprimeront la

volonté politique de faire en sorte que les pays pauvres arrivent enfin à

sortir de l’ornière de l’endettement.

 

Nous demandons au Canada de soutenir :

 

·          l’annulation immédiate et inconditionnelle de la totalité des dettes

contractées par tous les pays à faible revenu envers les institutions

financières multilatérales;

 

·          l’argument voulant que ni le peuple iraquien ni les citoyens d’autres pays

ayant été dirigés par des dictateurs ne devraient être obligés de rembourser

des dettes odieuses;

 

·         le principe selon lequel les pays bénéficiant d’une annulation de dette

doivent être libres de mettre en œuvre leurs propres stratégies de

développement national sans que des conditions attachées à l’annulation de

dette les empêchent de le faire;

 

·         le crédit à des conditions accessibles pour les pays les plus démunis du

monde.

 

Les soussignés et les centaines de milliers de Canadiens qui ont participé à

la campagne Jubilée 2000 pour l’annulation de la dette et qui continuent de

lutter activement pour cette cause demandent au gouvernement du Canada de

faire pression en faveur de l’annulation complète et sans conditions de la

dette lorsque les ministres des finances des pays du G-7 se réuniront le 1er

octobre prochain et lors des rencontres d’automne des représentants de la

Banque mondiale et du FMI qui se tiendront à la fin de la semaine suivante.

 

L’annulation totale de la dette est atteignable et abordable sans diminuer l

’aide au développement actuelle ou future. Il devrait être clairement établi

que l’annulation de la dette s’ajoutera à l’aide au développement

actuellement fournie aux pays pauvres. Le nouveau plan devrait aussi éviter

d’absoudre la Banque mondiale et le FMI du rôle qu’ils ont joué dans la

création des conditions de la crise de l’endettement à laquelle tant de pays

démunis doivent actuellement faire face.

 

La meilleure approche de financement de l’annulation de la dette

consisterait à utiliser les ressources de la Banque mondiale et du FMI,

notamment les provisions pour pertes sur prêts (d’une valeur de 4 milliards

$US au 30 juin 2003) et les bénéfices non répartis de la Banque mondiale (27

milliards $US à la même date), ainsi que les 103,4 millions d’onces d’or du

FMI d’une valeur au marché d’environ 42 milliards $US. Cette méthode

présente l’avantage additionnel de ne pas compromettre une authentique aide

au développement actuelle ou future.

 

Les propositions actuelles du Premier ministre Blair et du Président Bush ne

reposent ni l’une ni l’autre sur cette approche, bien que cette dernière

soit le moyen le plus efficace et le plus responsable pour financer l’

annulation de la dette.

 

L’approche que nous préconisons pourrait constituer une contribution clé de

la part du Canada dans les négociations actuelles. Cette proposition permet

d’éviter que l’aide au développement présente ou futur doive être appliquée

au remboursement de dettes à la Banque mondiale et elle assure également que

les institutions multilatérales auront à rendre compte de leurs échecs

passés. Elle ne minerait pas, par ailleurs, leur capacité de soutenir un

véritable développement international dans l’avenir.

 

Nous demandons aux représentants du Canada de faire preuve de leadership et

de jouer un rôle d’intermédiaire impartial afin d’amener leurs collègues du

G-7 à mettre au point un plan d’annulation de la dette pouvant leur

permettre d’atteindre les objectifs de développement du millénaire et d’

améliorer les moyens de subsistance des peuples du monde entier.

 

Pour ce faire, l’annulation doit être complète et intégrale pour tous les

pays les plus démunis qui en ont besoin. Elle doit aussi être

inconditionnelle, de façon à ce que ces pays puissent adopter les voies de

développement réclamées par leurs citoyens, plutôt que celles qui auraient

été déterminées à Washington derrière des portes closes.

 

Monsieur le Premier ministre, cette question représente une occasion clé où

le Canada peut exercer le leadership international dont vous avez vous-même

parlé avant et pendant la dernière élection fédérale. Nous espérons que le

gouvernement du Canada profitera de cette occasion pour assurer une solution

durable à la crise de l’endettement qui touche les pays les plus pauvres de

la planète.

 

Veuillez agréer, monsieur le Premier ministre, l’expression de notre

considération distinguée.

 

 

 

John Mihevc, président

Coalition de l’Initiative d’Halifax

 

 

 

  c.c. :           Monsieur Ralph Goodale, ministre des Finances

          Monsieur Pierre Pettigrew, ministre des Affaires étrangères

          Madame Aileen Carroll, ministre de la Coopération internationale

Monsieur Marcel Massé, administrateur de la Banque mondiale pour le Canada,

Monsieur Kevin Lynch, administrateur du Fonds monétaire international pour

le Canada

 

 

Les membres de la Coalition de l’Initiative d’Halifax sont :

 

·          Développement et Paix

·          Conférence des évêques catholiques du Canada – Bureau des affaires

sociales

·         Conseil canadien pour la coopération internationale

·          Congrès du travail du Canada

·          CoDevelopment Canada

·         CUSO

·         Les Ami(e)s de la Terre Canada

·         Kairos : Initiatives canadiennes œcuméniques pour la justice

·         Mines Alerte Canada

·          Institut Nord-Sud

·         Oxfam Canada

·          RESULTS Canada

·         Droits et démocratie

·         Comité pour la justice sociale

·          Toronto Environmental Alliance

·         World Inter-Action Mondiale

 

 

Les autres organismes qui ont endossé cette lettre sont :

 

·         Alberta Council for Global Cooperation (ACGC)

·         Asia Pacific Accord of Canada

·          Basaynon Katig-uban, Canada

·         Réseau juridique canadien VIH-sida

·          Guatemala Breaking the Silence Network

·         Inter Pares

·          Interagency Coalition on Aids and Development (ICAD)

·          Maharashtra Seva Samiti Organization

·         McGill Global Aids Coalition

·         McGill International Health Initiative