Mise à jour - le 30 juin 2007

NOUVELLES RÉCENTES concernant LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES INTERNATIONALES

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Banco del Sur : une alternative aux IFI?

 Début juin, la création de la Banque du Sud est entrée dans une nouvelle phase avec la rencontre des ministres des Finances du Venezuela, de l’Argentine, du Paraguay, de l’Équateur et de la Bolivie qui se sont réunis à Buenos Aires pour discuter de ses statuts définitifs. Cette institution, à laquelle est assignée la double fonction de banque de développement et de source de fonds de stabilisation, est aussi perçue comme le précurseur d’un système monétaire régional. Non moins important sera son positionnement vis-à-vis de la Banque mondiale et du FMI dont les politiques en Amérique latine ont fait l’objet de vives critiques dans la région. À cet égard, Banco del Sur se présente comme un outil précieux permettant de réaffirmer l’indépendance économique et la souveraineté politique des pays d’Amérique latine.

Conscients que la Banque mondiale et le FMI ont échoué à promouvoir le développement durable en Amérique latine et que leur crédibilité est mise à rude épreuve, les groupes de pression avec, à leur tête, Jubilé Sud/Amériques appuyé par l’Initiative de Halifax, conjuguent leurs efforts pour soutenir cette ambitieuse initiative. Ils encouragent les pays fondateurs à faire des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux les piliers de la nouvelle institution.

Pour eux, Banco del Sur peut éviter les erreurs de la Banque mondiale et du FMI en faisant de la transparence, de la responsabilité redditionnelle et de l’approche inclusive les axes de son action. En outre et pour surmonter les inégalités socio-économiques persistantes et promouvoir un développement vraiment durable, la Banque du Sud devra être la banque du « peuple ». Les statuts définitifs devraient être approuvés par les chefs d’état des pays fondateurs à la fin du mois de juin.


 Lettre ouverte de Jubilé Sud/Amériques aux chefs d’état des pays fondateurs (en anglais seulement)
http://www.eurodad.org/whatsnew/articles.aspx?id=1370

Banco del Sur ou le reflet du déclin de l’influence des IFI en Amérique latine (en anglais seulement)
http://www.bicusa.org/en/Article.3299.aspx


 Le Canada au G8 : Pour un engagement sur la responsabilité sociale des entreprises

 Au cours du dernier sommet du G8 en Allemagne, les chefs d’état ont exprimé leur préoccupation quant « aux cas où l’extraction et l’exploitation des ressources sont associées à un mauvais usage des revenus qui en découlent, à la destruction de l’environnement, à des conflits armés et à la fragilisation des états ». Ils ont donc demandé l’établissement d’un ensemble de principes et de lignes directrices qui seraient adoptés par consensus par toutes les parties prenantes et qui guideraient les activités minières de sorte qu’elles contribuent au développement des pays en développement.

Au Canada, un processus consultatif national sur la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et l’exploitation minière par des entreprises canadiennes dans les pays en développement a justement débouché sur un consensus semblable à celui que le G8 appelle de ses vœux. (Voir Bulletin mensuel du 31 mars 2007.) En effet, les tables rondes ont pour l’essentiel permis l’élaboration d’un Cadre canadien sur la RSE, soit un ensemble de normes et de lignes directrices pertinentes susceptibles de redorer le blason des entreprises minières en matière de respect des droits sociaux, environnementaux et de la personne.

Au sommet du G8, le Premier Ministre Stephen Harper a affirmé que « la mise en œuvre des recommandations résultant du processus de consultation placera le Canada parmi les pays du G8 les plus actifs dans la promotion de principes et de lignes directrices en matière de responsabilité sociale des entreprises dans ce secteur. »  Le Réseau canadien sur la reddition des comptes des entreprises se félicite de cette déclaration; il attend maintenant que le gouvernement élabore un calendrier précis pour adopter officiellement les recommandations issues des tables rondes. 


Déclaration du RCRCE sur le rapport du Groupe consultatif sur les Tables rondes nationales
http://www.halifaxinitiative.org/updir/CNCAStatement-francais-2.pdf


 Les États-Unis et la Chine en désaccord sur la réforme du régime des changes du FMI

Pour la première fois depuis 1977, le 18 juin dernier, le FMI a adopté un cadre révisé de surveillance du régime des changes. L’objectif déclaré est de prévenir les effets déstabilisateurs sur le système financier international de la manipulation des changes dans les marchés émergents. La Chine s’est opposée à cette réforme au motif qu’elle en était la cible. 

Au cours des dernières années, les États-Unis n’ont pas caché leur impatience grandissante devant la sous-évaluation du yuan et son impact en terme de croissance de leur déficit commercial avec la Chine. Cependant, pour cette dernière, la progression mesurée du yuan est un facteur stabilisateur ayant facilité les réformes du marché chinois et contribué à l’accélération de la croissance mondiale. Alors que certains pays en développement prennent parti pour la Chine, les pays développés qui jouissent de privilèges exorbitants au Conseil du FMI ont pu faire passer la réforme. Le renforcement des capacités de surveillance et de contrôle du FMI, donc son influence dans le monde, correspond bien au rôle que les Etats-Unis voudraient lui voir jouer.

On pourrait craindre que la Chine se détourne du FMI en quête d’options de développement régional si elle estimait subir des pressions injustes. Selon un ancien responsable du Fonds, le sentiment que les États-Unis se servent du FMI pour atteindre des objectifs propres ne finira pas par nuire à la seule légitimité de l’institution mais portera également atteinte à la gestion multilatérale de la croissance de la Chine et son impact sur l’économie mondiale.



Le FMI adopte un nouveau cadre de surveillance – Bulletin du FMI
http://www.imf.org/external/pubs/ft/survey/so/2007/fra/062107f.pdf

US-China Currency Spat Bruises IMF – Financial Times, 25 juin 2007 (en anglais seulement)
http://www.ft.com/cms/s/a20d2ca0-2274-11dc-ac53-000b5df10621.html


Babillard

  • Le 30 mai, le Parlement espagnol a approuvé une motion en vertu de laquelle le gouvernement devra rendre compte de ses activités à la Banque mondiale et au FMI. Il sera désormais tenu de soumettre un rapport annuel au Parlement. Il devra aussi faire preuve d’une plus grande transparence dans l’allocation des ressources au Fonds et à la Banque.
  • Le 13 juin, Exportation et développement Canada a affiché sur son site web des informations sur le dernier projet de catégorie A qu’elle entend soutenir. Un consortium composé de l’entreprise canadienne Tenke Mining Corporation et de la société américaine Phelps Dodge propose d’exploiter la mine de cuivre de Tenke Fungurume en République démocratique du Congo. À l’heure actuelle, le gouvernement congolais révise le contrat, à la suite des fortes réserves émises par des observateurs nationaux et internationaux, y compris la Banque mondiale, sur les termes de l’entente et la passation du marché.
  • Le 28 juin, Rodrigo de Rato a créé la surprise en annonçant sa démission du poste directeur général du FMI. Pourtant, quelques jours plus tôt, le Conseil d’administration entérinait d’importantes réformes sur le renforcement du rôle du FMI dans la surveillance du régime des changes. Le départ inattendu de M. de Rato a montré une fois de plus la nécessité pour le FMI de se doter d’un processus de sélection transparent et fondé sur le mérite, une occasion que la Banque mondiale n’a pas manqué de rater après la démission récente de son président, Paul Wolfowitz.
  • L’entreprise chinoise TGP Development Corporation poursuit des projets hydroélectriques ambitieux en République démocratique du Congo. La capacité du barrage Grand Inga serait supérieure à la capacité combinée du barrage des Trois-Gorges en Chine et du barrage d’Itaipu au Brésil. Bien que les promoteurs prétendent qu’il ne donnera pas lieu à d’importants déplacements de population, des sources africaines rapportent que huit mille personnes ont été récemment déplacées sans indemnisation ni assistance pour laisser le champ libre devant les préparatifs pour la mise en œuvre de la prochaine étape du projet.
  • Le ministre canadien du Commerce international, David Emerson, a nommé Jim Dinning au poste de président du Conseil d’administration d’Exportation et développement Canada.

 Nouvelles Publications

  • À la fin du mois de juin, les pays donateurs se sont réunis au Mozambique pour discuter des modalités de la quinzième reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement, organe de la Banque mondiale chargé d’octroyer des crédits aux pays les plus démunis. (Voir Fiche d’information du 31 mars 2007.) Au programme, les états fragiles et l’architecture de l’aide. Pour en savoir plus sur la position de l’Initiative de Halifax, voir
    « Fiche d’information: Quinzième reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement-juin 2007 »
    http://www.halifaxinitiative.org/index.php/worldbank_factsheets/1000  et
    « Documents de politique: Position à l’égard de la quinzième reconstitution des ressources de l’IDA » 
    http://www.halifaxinitiative.org/index.php/worldbank_factsheets/1001
  • Lettre adressée à Eric Siegel, président et directeur-général d’EDC, co-signée avec Entraide missionnaire, portant sur l’organisation par l’EDC et l’ACDI d’un atelier sur les opérations des entreprises minières canadiennes en République démocratique du Congo regroupant toutes les parties prenantes.   http://www.halifaxinitiative.org/index.php/edceca_correspond/996

 Événements à venir

À l’occasion de la commémoration du dixième anniversaire de la crise financière en Asie, deux conférences publiques sont organisées à Bangkok.

  • « A Decade After: Recovery and Adjustment since the East Asian Crisis » (Dix ans plus tard : Relance et ajustement après la crise en Asie de l’est), organisée par IDEAS, du 12 au 14 juillet.  http://www.networkideas.org/events/jun2007/ea14_Bangkok_Conference.htm
    (en anglais seulement)
  • « Sink it or Shrink it – alternative to current model of development » (Couler ou réduire : alternative au modèle de développement en vigueur), organisée par Focus on the Global South, Eurodad, Gender Action, Jubilé Sud APMDD, du 15 au 17 juillet. http://www.ifiwatchnet.org/?q=en/node/2812 (en anglais seulement)


LES FAITS:  Banco del Sur contre Bretton Woods

 C’est au début de 2006 que le président vénézuélien, Hugo Chavez, a évoqué pour la première fois la possibilité de créer la Banque du Sud. À l’origine, l’idée avait été discutée avec des chefs d’état d’Afrique et avec celui de l’Inde puis réorientée vers l’Amérique du Sud. Depuis, un certain nombre de gouvernements sud-américains ont pris leurs distances avec la Banque mondiale, le FMI et la Banque interaméricaine de développement, privilégiant de plus en plus une meilleure intégration économique régionale.

Bien que les statuts de la Banque ne soit pas encore définitifs, ils devraient néanmoins comporter des dispositions différant des textes des institutions de Bretton Woods, par exemple, sur la nécessité de mettre en œuvre les traités internationaux sur les droits de la personne, y compris les droits culturels et sociaux, la recherche de capitaux exclusivement auprès des pays membres, l’égalité entre tous les membres quel que soit leur poids politique ou financier. Certains partisans de la création du Banco del Sur vont même jusqu’à suggérer que les pays ayant les plus grands besoins en termes de financement du développement puissent bénéficier d’un poids plus grand au sein de la nouvelle institution, ce qui est radicalement différent de la situation qui prévaut à la Banque mondiale et au FMI.

Cependant, pour que la Banque du Sud se démarque véritablement de la Banque mondiale et du FMI, elle devra veiller à mesurer le succès en fonction de résultats concrets et non en fonction du volume des crédits accordés. À cet égard, l’inclusion dans les statuts d’une définition expresse du développement sera essentielle pour évaluer la performance de la Banque à long terme.


La Banque du Sud sur les rails
http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=2639

La Banque du Sud, entre politique et économie (en anglais seulement)
http://ifis.choike.org/informes/598.html