Mise à jour - le 22 décembre 2006

NOUVELLES RÉCENTES concernant LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES INTERNATIONALES

Selectionnez ici pour pdf


 La Norvège « cherche la vérité » sur les conditionnalités de la Banque mondiale

La Norvège, qui n’alloue aucuns fonds publics à des programmes qui exigent la privatisation et la libé¬ralisation du commerce, a tenu une rencontre intergouvernementale en novembre pour déterminer dans quelle mesure la Banque mondiale et le FMI continuent d’imposer de telles conditions à l’aide aux pays en développement. Selon une étude indépendante réalisée pour l’occasion, bien que la Banque mondiale et le FMI préconisent toujours la privatisation et la libéralisation dans leurs pratiques de crédit au développement, ils insistent moins qu’auparavant. Selon la même étude, les conditions de gouvernance ont tendance à remplacer les prescriptions économiques, et la « prise en charge » des politiques de la Banque et du FMI par les pays en développement est faible.

Tenue à Oslo, la rencontre a réuni les ministres des finances et du développement de la Norvège, de la Suède, du Danemark, de la Finlande, du R.-U., de l’Allemagne et des Pays-Bas, ainsi que des intellectuels et des groupes de la société civile, dont l’Initiative d’Halifax. Le Canada, qui avait accepté de participer à la conférence, s’est désisté à quelques jours d’avis, tout comme le FMI.

Au cours des dernières années, la Norvège et le Royaume-Uni ont dissocié leur aide bilatérale de l’obligation pour les pays de remplir certaines conditions, dont la privatisation et la libéralisation. Le gouvernement canadien n’a toujours pas fait connaître sa position dans le débat sur la conditionnalité.


Résumé de la conférence d’Oslo (en anglais)
http://odin.dep.no/ud/english/topics/dev/032201-220074/dok-bn.html
Étude indépendante et études de cas du Bangladesh, du Mozambique, de l’Ouganda et de la Zambie
http://www.sum.uio.no/conditionality/download.htm
Déclaration de Jubilé Sud sur la conditionnalité – La seule condition : pas de conditions (en anglais)
http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=2303
 


La réduction de la pauvreté échappe à la Banque mondiale, selon un rapport interne

Malgré ses efforts, la Banque mondiale n’a pas réussi à accroître les revenus dans un grande nombre de pays pauvres au cours de la dernière décennie. Les conditions de vie de dizaines de millions de personnes sont donc demeurées au même point ou se sont dégradées, selon le Groupe d’évaluation indépendante (GEI) de la Banque mondiale (voir Les Faits) dans son Examen annuel de l’efficacité du développement 2006 – Obtenir des résultats. Ce rapport, qui juge sévèrement les efforts de lutte contre la pauvreté de la Banque, soutient que celle-ci est loin d’avoir obtenu les résultats attendus.

Un grand nombre d’emprunteurs de la Banque mondiale n’ont pas encore atteint une croissance soutenue, essentielle à la réduction de la pauvreté. Deux pays emprunteurs sur cinq ont connu une croissance continue du revenu par habitant au cours des 5 années se terminant en 2005. En même temps et malgré les 9,6 milliards $ consacrés au développement rural, la Banque n’a pas réussi à aider ces pays à formuler et à appliquer des stratégies efficaces de réduction de la pauvreté en milieu rural.

Selon le GEI, les programmes de la Banque sont flous et trop ambitieux. Près de la moitié des programmes d’aide-pays de la Banque qui ont été examinés par le GEI au cours des quatre dernières années financières ont été jugés trop ambitieux. Le GEI a prévenu la Banque que la fréquente réorientation de l’aide accordée risque d’en réduire l’efficacité. Enfin, selon le GEI, les initiatives de la Banque, notamment les réformes du secteur public mettant l’accent sur l’adoption de lois et la création d’institutions, n’ont pas toujours l’appui politique voulu et négligent la dimension de l’exécution. La direction de la Banque a rejeté le rapport, le jugeant trop sombre.


Examen annuel de l’efficacité du développement 2006, par le GEI
http://www.banquemondiale.org/EXT/French.nsf/DocByUnid/F752EC1CD54FC86585256FA2000A8EFF?Opendocument
The Persistently Poor - An Internal Report Criticizes World Bank's Efforts on Poverty (en anglais) http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/12/07/AR2006120700427.html

La Banque mondiale et les normes du travail : messages contradictoires

En décembre, la Banque mondiale a annoncé qu’elle exigerait de tous les projets (p. ex. grande infrastructure) financés par elle, par l’entremise de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement et l’Association internationale de développement, qu’ils respectent les normes de l’Organisation internationale du Travail. Son pendant du secteur privé, la Société financière internationale (SFI), applique déjà cette exigence. Quoique bienvenue, cette décision contraste nettement avec le message lancé en septembre par la Banque (Doing Business). Elle demandait alors aux gouvernements bénéficiaires d’améliorer leur climat d’investissement en assouplissant le marché de l’emploi, c’est-à-dire en adoptant des réformes qui facilitent l’embauche et le congédiement de travailleurs et qui fixent des limites aux conventions collectives et aux droits à la syndicalisation.


La Banque mondiale franchit un pas important relativement aux normes du travail (en anglais)
http://www.ituc-csi.org/spip.php?article491〈=fr

Babillard

  • L’organisme One World Trust a publié son indice de responsabilité mondiale (Global Accountability Index) pour 2006, qui évalue 30 des organisations intergouvernementales, ONG internationales et entreprises les plus importantes au monde et les classe du point de vue de la transparence, de l’engagement de leurs intervenants, du niveau d’autoévaluation de leurs intervenants et de l’existence de bons mécanismes de règlement des plaintes. Global Environment Facility, ActionAid International ainsi que Anglo American plc. et Pfizer Inc., sont arrivés en tête de leur catégorie respective. La Banque mondiale s’est classée deuxième et le FMI cinquième dans la catégorie intergouvernementale. http://www.oneworldtrust.org/?display=index_2006
  • Goldcorp Inc., qui a acquis la canadienne Glamis Gold lors d’une fusion à l’amiable en novembre, entend rembourser l’emprunt consenti par la Société financière internationale à l’égard de la mine Marlin, projet controversé et agité, d’ici la fin de l’année. On ne sait pas encore comment la SFI réagira face aux problèmes liés à ce projet une fois qu’elle aura recouvré ses fonds.
  • Le ministre des Finances sud-africain, Trevor Manuel, a fait part de son intention, à titre de nouveau président du Groupe des 20, de mettre l’accent sur la réforme du FMI et de la Banque mondiale, à compter de mars 2007, alors que se tiendra la première séance du Groupe des 20 au Brésil. Les rencontres se termineront en Afrique du Sud en novembre prochain.

Nouvelles publications

  • « Grassroots Guide to the World Bank and the IMF », Fifty Years is Enough, novembre 2006. Ce guide présente une description complète et accessible des institutions financières internationales et du système économique mondial. Il en couvre l’histoire ainsi que la structure et les enjeux liés à l’ajustement structurel, l’énergie et l’environnement, le libre-échange, l’immigration, l’éducation, la santé, le VIH/sida, etc. http://50years.org/pubs/grassroots-guide/order.html
  • « China's Export-Import Bank and Africa: New Lending, New Challenges », Center for Global Development, novembre 2006. La Chine est activement engagée depuis longtemps en Afrique, mais elle a, tout récemment, réalisé une poussée en Afrique dans le cadre de sa stratégie politique d’accès aux ressources naturelles et d’affirmation de son rôle sur la scène mondiale. Encore peu connu, l’Export-Import Bank of China est l’instrument de plus en plus puissant de cette stratégie. Ce texte présente certains des éléments fondamentaux concernant l’Ex-Im Bank of China et note plusieurs répercussions potentielles pour l’Afrique et l’Ouest. http://www.cgdev.org/files/11116_file_China_and_Africa.pdf
  • « Gender Guide to World Bank and IMF Policy-Based Lending », Suzanna Dennis et Elaine Zuckerman, Gender Action, décembre 2006. Ce guide examine les répercussions sur les enjeux hommes-femmes des prêts de la Banque mondiale et du FMI à l’appui de réformes, qui entraînent une diminution des dépenses publiques, la privatisation de services essentiels et la libéralisation unilatérale du commerce. Ces politiques accentuent la pauvreté, minent l’égalité entre hommes et femmes et contribuent à la propagation du VIH/sida et de la violence envers les femmes. http://www.genderaction.org/images/GA%20Gender%20Guide%20to%20World%20Bank%20and%20IMF%20FINAL.pdf

Événements à venir



LES FAITS : Groupe d’évaluation indépendante : Ce qu’il est, ce qu’il fait

Le Groupe d’évaluation indépendante (GEI), auparavant appelé le Département de l’évaluation rétrospective des opérations, est un organe interne autonome du Groupe de la Banque mondiale, qui relève directement du Conseil des Administrateurs de la Banque. Son mandat consiste à « améliorer l’efficacité du développement par l’excellence et l’indépendance de l’évaluation ». En d’autres termes, le GEI doit déterminer objectivement si la Banque obtient les résultats escomptés et faire des recommandations sur la façon d’améliorer l’efficacité de la Banque en matière de réduction de la pauvreté et de promotion du développement. Le GEI évalue le travail de l’Association internationale de développement, de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, de la Société financière internationale et de l’Agence multilatérale de garantie des investissements.

Le GEI évalue la performance de la Banque mondiale en évaluant, entre autres, les facteurs suivants :

  • les résultats des divers projets;
  • l’efficacité des divers programmes d’aide-pays (programmes du Groupe de la Banque mondiale qui sont liés au programme de développement d’un pays);
  • la conformité de la Banque à ses politiques et ses règles de pratique à l’égard de certains secteurs ou thèmes particuliers (p. ex. agriculture, égalité hommes-femmes);
  • demandes particulières faites par le Conseil de la Banque mondiale.

Lorsque le GEI publie une évaluation majeure, la direction et le Conseil des Administrateurs de la Banque répondent publiquement aux conclusions du GEI. De plus, le GEI examine annuellement si la Banque a appliqué les recommandations qu’il lui a faites dans ses évaluations au cours de l’année. Le Rapport annuel sur l’évaluation des opérations comprend à la fois cette évaluation et la réponse de la Banque.

Groupe d’évaluation indépendante
http://www.worldbank.org/oed/