Mise à jour - le 31 mai 2007

NOUVELLES RÉCENTES concernant LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES INTERNATIONALES

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Sortie de Wolfowitz, entrée de Zoellick : crédibilité zéro

La spéculation sur la succession de Paul Wolfowitz à la présidence de la Banque mondiale a vite cessé quand les États-Unis ont proposé Robert Zoellick, l’ex-secrétaire d’État adjoint à Condoleeza Rice.

Quelques jours avant cette annonce, un rapport d’enquête de la Banque mondiale avait reconnu Paul Wolfowitz coupable d’infraction aux règles internes de la Banque (voir Mise à jour, 30 avril 2007) et mis en question la capacité de M. Wolfowitz d’« assurer le leadership nécessaire » à la Banque pour remplir sa mission. M. Wolfowitz a donc démissionné, mais non sans que le Conseil ait d’abord déclaré que Wolfowitz avait agi de bonne foi et que le Conseil avait une part de responsabilité dans cette erreur.

Avant ce dénouement, on s’interrogeait déjà sur le processus de nomination désuet des présidents de la Banque mondiale (prérogative des É.-U.) et du FMI (prérogative européenne). À la mi-mai, un sondage d’opinion sur ce processus mené par le Center for Global Development montrait une forte adhésion à l’idée d’apporter des réformes importantes. Les administrateurs du Conseil ont même publié, bien qu’après l’annonce américaine, une déclaration comprenant les « principales qualités que devront réunir les candidats ». Comme le Conseil doit encore approuver la nomination de Zoellick, cette déclaration contenait aussi une invitation à présenter d’autres candidats jusqu’au 15 juin.

On peut cependant douter de la sincérité de la déclaration du Conseil. Le ministre des Finances Jim Flaherty a déjà fait connaître son soutien à la nomination d’un autre Américain à ce poste. Il a aussi déclaré, juste avant la nomination de Zoellick, que ce choix « sera bon pour le Canada ». L’Europe a aussi signalé plus tôt qu’elle était prête à abandonner la question de la sélection du prochain dirigeant de la Banque mondiale en échange de la démission de Wolfowitz.


CGD Survey Finds Strong Support for Reform of World Bank President Selection Process (en anglais) http://www.cgdev.org/content/general/detail/13760

Communication des Administrateurs http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/NEWSFRENCH/0,,contentMDK:21351626~menuPK:51200699~pagePK:34370~piPK:34424~theSitePK:1074931,00.html


EDC, les mines et le Congo

Le 24 mai dernier, Exportation et développement Canada (EDC), conjointement avec l’Agence canadienne de développement international (ACDI), tenait un atelier multilatéral sur les « pratiques minières socialement responsables en République démocratique du Congo ». L’objectif avoué de cet atelier était d’intéresser les intervenant aux « meilleurs moyens pour soutenir l’industrie minière en RDC ». L’Initiative d’Halifax a participé à cet atelier, qui regroupait également des représentants de compagnies minières canadiennes, de la fonction publique, d’IFI, d’autres ONG et des consultants.

Les discussions ont porté sur diverses questions, notamment l’annonce par le gouvernement nouvellement élu de la RDC de la révision des contrats miniers approuvés par le gouvernement transitoire. La validité de ces contrats, dont plusieurs touchent des entreprises canadiennes, a été mise en question, y compris par l’expert de la Banque mondiale en matière d’activités minières. Les participants ont discuté du lien entre les opérations minières et les questions de sécurité. Il a aussi été question de l’incident de Kilwa survenu en 2004 et relié à la compagnie minière canadienne Anvil.

Bien qu’EDC ne fournisse actuellement aucune couverture pour des intérêts miniers canadiens en RDC, la société d’État examine maintenant cette option.


L’activité minière en RDC (site anglais)
http://www.raid-uk.org/


Nouveau plan de santé de la BM et santé de la reproduction

Alors que la Banque mondiale semble prête à adopter sa nouvelle stratégie en matière de santé, nutrition et population, la société civile a soulevé auprès des administrateurs de la Banque mondiale un certain nombre de difficultés, notamment en matière de langue, qui auraient eu pour effet d’annuler les engagements de la Banque quant au financement de la planification familiale, ainsi que de réduire la priorité de la santé sexuelle et génésique dans la stratégie. En conséquence, les États-Unis ont retiré leur opposition à la restriction de l’accès aux services de santé de la reproduction dans le plan final. Cependant, la stratégie minimise toujours la question de la santé génésique, la reléguant à la fin du plan, où elle est à peine mentionnée, ceci au mépris de la politique de la Banque en matière d’égalité des sexes, qui prévoit renforcer cette question et lui accorder priorité.

Dans une lettre adressée à l’administrateur canadien Samy Watson (voir « Babillard », avril 2007), des groupes de la société civile ont aussi exprimé leur inquiétude quant à l’approche de la stratégie concernant les frais d’utilisation, au peu de cas accordé dans le plan aux maladies non transmissibles, au fait qu’on ne tienne pas compte du manque de ressources humaines dans le secteur de la santé, ainsi qu’au rôle du secteur privé dans la prestation de services. En ce qui concerne les frais d’utilisation, la stratégie proposée renverse les positions antérieures de la Banque concernant leur élimination et légitime, de fait, leur application.

M. Watson a répondu à cette lettre, en indiquant qu’il partage un certain nombre des préoccupations soulevées et qu’il s’est engagé dans la gestion de la Banque pour tenter d’en renforcer la stratégie.


« Healthy Development – The World Bank Strategy for Health, Nutrition and Population Results » (en anglais) http://www.worldbank.org/hnp


Babillard

  • À la fin d’avril, le nouveau président de l’Équateur, Rafael Correa, a expulsé le représentant de la Banque mondiale à la suite d’une décision prise par la Banque en 2005 alors que Correa était ministre des Finances. À l’époque, selon Correa, la Banque a suspendu un prêt de 100 millions de dollars promis à l’Équateur pour le « punir » d’avoir tenté de créer un fonds à partir des res¬sources pétrolières du pays pour racheter sa dette étrangère souveraine. Les fonctionnaires de la Banque ont allégué que le prêt avait été suspendu parce que Correa avait modifié le programme pour lequel il avait été accordé. Le geste de Correa s’inscrit dans une tendance de l’Équateur à prendre ses distances par rapport à la Banque mondiale et au FMI (voir Babillard du mois dernier).
  • À la suite de l’annonce à forte saveur politique faite le mois dernier, selon laquelle il avait remboursé la totalité de ses dettes envers le FMI et la Banque mondiale, le président Hugo Chavez a annoncé à la fin d’avril que le Venezuela allait se retirer de ces institutions.
  • Au moment même où le Canada envisage de se joindre au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) de la Banque mondiale, la Bolivie, le Nicaragua et le Venezuela ont choisi de s’en retirer, accusant cet organisme d’être un outil à la solde des multinationales pour miner la souveraineté des États.
  • La Société financière internationale (SFI) a publié la version finale des principes directeurs en matière d’environnement, de santé et de sécurité (ESS) et de 55 lignes directrices sectorielles. Les ESS sont un complément à la fois technique et sectoriel aux critères de performance de la SFI publiés en 2006. http://www.ifc.org/ifcext/enviro.nsf/Content/EnvironmentalGuidelines

Nouvelles publications

  • SITE WEB : « Affaires douteuses, pratiques douteuses – Le soutien du gouvernement fédéral aux entreprises minières, pétrolières et gazières canadiennes à l’étranger », mai 2007, http://www.halifaxinitiative.org/pratiquesdouteuses/index.html
  • « Études d’impact des investissements étrangers sur les droits humains – Tirer les leçons de l’expérience des communautés aux Philippines, au Tibet, en République démocratique du Congo, en Argentine et au Pérou », Droits et Démocratie, mai 2007. Le rapport comprend une ébauche de méthodologie permettant de mesurer l’impact des entreprises sur les droits humains des communautés. http://www.dd-rd.ca/site/_PDF/publications/mondialisation/EIDH/rapport_complet_mai_2007.pdf
  • « Development without conflict: the business case for community consent », World Resources Institute, mai 2007. Dans ce rapport, on examine la prémisse selon laquelle l’obtention du consentement éclairé des communautés touchées par les projets de développement est une bonne façon de faire des affaires. On y allègue que les risques créés par l’absence d’obtention du consentement de la communauté sont considérables et quantifiables, tout comme les bénéfices découlant d’une véritable consultation. http://pdf.wri.org/development_without_conflict_fpic.pdf
  • « Comprendre la Banque africaine de développement : Guide d’introduction pour les ONG », Bank Information Center, mai 2007. Ce guide d’introduction à l’usage des ONG offrira à celles-ci une meilleure compréhension de la structure, de la gouvernance et des opérations de la Banque africaine de développement. (en anglais, version française à venir bientôt) http://www.bicusa.org/en/Article.3658.aspx

Événements à venir


Qui est Robert Zoellick?

Au cours de sa carrière de fonctionnaire, Robert Zoellick a occupé plusieurs postes importants dans les deux administrations Bush. Pendant la présidence de Bush père, Zoellick a été nommé chef adjoint du personnel de la Maison-Blanche et adjoint au président.

En février 2005, sous la présidence de Bush fils, Zoellick est devenu sous-secrétaire d’État des États-Unis, commandant en second, juste derrière Condoleezza Rice. Il a occupé ce poste jusqu’en juin 2006, date à laquelle il a démissionné pour occuper un poste de direction à la banque d’investissement Goldman Sacks.

La tâche de Zoellick dans la fonction publique a consisté en grande partie à faire avancer le programme américain de libre échange. Zoellick a dirigé le Département d’État dans les négociations sur l’Accord de libre-échange nord-américain et lors du cycle d’Uruguay de l’Organisation mondiale du commerce. De 2001 à 2005, il a occupé le poste de représentant commercial des États-Unis, ce qui l’a amené à négocier un certain nombre d’accords de libre-échange bilatéraux et multilatéraux, dont le très contesté Accord de libre-échange de l’Amérique centrale (CAFTA).

M. Zoellick est connu pour son caractère irritable et agressif et pour ses coups de force. Il a été critiqué pour ses pratiques coercitives envers les gouvernements de pays peu développés au cours de négociations commerciales, ainsi que pour sa constante promotion des intérêts économiques et politiques des États-Unis.


Site critique consacré à la présidence de la Banque mondiale (en anglais)
http://www.worldbankpresident.org