La crise de la dette multilatérale
Qu'est-ce que la dette multilatérale
La dette multilatérale est l'endettement des pays en voie de développement envers la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ainsi qu'envers d'autres institutions multilatérales, banques régionales de développement et organisations intergouvernementales.
Divers pays, dont le Canada, allouent des revenus fiscaux et fournissent des garanties aux institutions multilatérales, lesquelles sont ainsi en mesure de pr�ter aux pays en développement. Les Canadiens sont donc particuli�rement concernés par la crise de l'endettement multilatéral.
La nature du problème
L'endettement multilatéral s'est accru de fa�on spectaculaire au cours des dernières années et mine le développement économique et social de certains pays parmi les plus pauvres du monde. De nombreux pays d'Afrique sud-saharienne consacrent plus d'argent au service de leur dette qu'� la santé et � l'éducation. Par exemple, en 1995, le Mozambique a consacré 3,3 % de son budget � la santé, 7,9 % � l'éducation et 33 % au service de la dette.
Comme les gouvernements du Sud augmentent leurs exportations de ressources naturelles et de produits de base pour rembourser leur dette croissante, la dévastation environnementale augmente.
Cette situation devient de plus en plus insoutenable sur le plan économique également. Les pays débiteurs sont pris dans une spirale d'endettement, forc�s de contracter de nouveaux emprunts pour rembourser les plus anciens ou risquer l'effondrement économique en cas de cessation de paiement.
Les chiffres
L'endettement total des pays en voie de développement envers les institutions multilatérales s'est accru, passant de 61,6 milliards $US en 1980 � un total de 314 milliards $US en 1996. Pour les 36 pays les plus pauvres, la dette multilatérale a sextupl�, passant de 11 � 65 milliards $US.
Origine de l'accroissement de la dette multilatérale
La dette multilatérale s'est mise � augmenter radicalement lorsque les institutions multilatérales se sont port�es � la rescousse des banques commerciales qui, au cours des ann�es 70, avaient consenti des pr�ts d�mesur�s aux pays en voie de développement. Lorsque les taux d'int�r�t se sont mis � monter en fl�che et que les créanciers commerciaux ont cessé de vouloir leur pr�ter, les pays débiteurs ont �t� forc�s d'accepter les propositions globales d'emprunt de la Banque mondiale et du FMI en vue de rembourser la totalit� de leurs dettes envers les banques commerciales, � d�faut de quoi ils risquaient de se retrouver en d�faut de paiement.
Des quantit�s significatives d'argent neuf fourni par le FMI et par la Banque mondiale ont servi � rembourser les arri�rages d'int�r�ts sur des dettes envers les banques commerciales. Par exemple, de 1983 � 1989, 32,7 milliards $US en pr�ts de sources publiques ont servi � renflouer les banques privées.
La situation actuelle des pays fortement endett�s
Les divers plans de r��chelonnement des années 1980 ont cr�� une situation o� le FMI et la Banque internationale de reconstruction et de développement (un volet de la Banque Mondiale) re�oivent beaucoup plus en remboursement de dettes de la part des pays les plus pauvres du monde qu'ils ne leur pr�tent. Ces pays ne peuvent tout simplement plus sortir de l'orni�re de l'endettement. En 1995, par exemple, les 36 pays les plus pauvres ont rembours� 1,6 milliard $US de plus � la Banque mondiale et au FMI qu'ils n'ont re�u en nouveaux pr�ts. Ce transfert net de ressources du Sud au Nord est profond�ment inqui�tant, car des institutions con�ues pour contribuer au � développement � emp�chent plut�t celui-ci en vidant les coffres des pays pauvres.
On s'inqui�te de plus en plus de ce qu'actuellement, l'aide aux pays pauvres retourne directement � la Banque mondiale et au FMI en remboursement de pr�ts impay�s. En 1996, les pays d'Afrique sud-saharienne ont vers� 13 milliards $US au service de la dette et ont re�u 17,3 milliards $US en aide étrangère. Les efforts humanitaires pour aider ces pays sont sap�s par l'obligation faite aux pays d�buteurs de rembourser les banques multilatérales avant tout. Contrairement aux banques commerciales, les institutions multilatérales n'ont jamais effac� de dette et n'ont aucune intention de le faire.
Solution � court terme
En d�pit de la volont� internationale de restructurer les plans de remboursement de la dette des pays les plus endettés, le gouffre est si profond que seule une réduction significative de la dette, ou son annulation pure et simple, pourrait apporter quelque espoir de r�tablissement économique, social et environnemental.
Comment la Banque mondiale et le FMI ont r�agi au problème
La Banque mondiale et le FMI sont au c�ur m�me du problème. Ces deux institutions ont oblig� les pays en développement � réorganiser leur économie autour du remboursement régulier et prioritaire de leur dette multilatérale. Ces programmes, appelés � programmes d'ajustement structurel � ou PAS, sont con�us de fa�on � accro�tre l'investissement étranger, � augmenter les revenus de change et � réduire le déficit des gouvernements (voir notre fiche sur l'� ajustement structurel �). Or, comme les s�v�res mesures économiques imposées en vertu des PAS ont pour effet d'accro�tre la pauvreté, de menacer la sécurité alimentaire et de pousser � des niveaux insoutenables l'exploitation des ressources, la destruction de l'environnement et la dislocation de l'édifice social, elles contribuent � long terme au déclin de pays qui ploient d�j� sous le poids de la dette.
Sous la pression des pays du G7, le FMI et la Banque mondiale ont cependant consenti, en octobre 1996, � appliquer � certains des pays les plus pauvres du monde un programme appel� � Initiative concernant la dette des pays pauvres très endettés � (Initiative HIPC).
Qu'est-ce que l'Initiative HIPC?
L'Initiative HIPC est un programme con�u pour ramener la dette de certains pays, évalués cas par cas, � un niveau jug� � viable � par la Banque mondiale et le FMI.
L'Initiative HIPC comporte cependant des tares profondes. Elle promet en effet � trop peu de pays une réduction de dette trop faible, trop tard. Alors que plus de 40 pays croulent sous le poids de leur dette, il est possible que cinq d'entre eux seulement aient compl�t� le processus de l'Initiative HIPC d�ici l'an 2000. Au cours des deux ans qui ont suivi le