Comité Canada Tibet

Initiative d'Halifax / Comité Canada Tibet

Le Canada pourrait soutenir un projet controversé de la Banque Mondiale

 

Montréal, le 21 juin 1999 : Les autorités canadiennes n'ont pas rendu publique leur position sur un projet controversé de la Banque Mondiale qui se traduira par l'implantation de milliers de non-Tibétains dans des régions historiquement tibétaines. La décision finale sera prise par le conseil d'administration de la Banque le mardi 22 juin 1999.

 

"L'augmentation systématique de la population non tibétaine dans des zones tibétaines se poursuit depuis l'invasion du Tibet par la Chine en 1950" explique Thubten Samdup, président du Comité Canada Tibet. "Mais c'est la première fois que cette politique est endossée et encouragée par une organisation internationale. Pour nous, Tibétains, il ne s'agit pas de développement mais de génocide culturel."

 

Une campagne internationale a été lancée, les lettres condamnant ce projet étant adressées à James Wolfensohn, président de la Banque Mondiale. Elle a amené plusieurs pays à réévaluer ce projet. Les Canadiens ont demandé au ministre des Finances, Paul Martin, de ne pas soutenir le projet. La semaine dernière, des ONG canadiennes et des universitaires ont rencontré des représentants du ministère des Affaires étrangères et du commerce international, de l'ACDI et du ministère des Finances. Les ONG ont demandé que le Canada soulève la question lors du sommet du G-7 à Cologne.

 

Cinq raisons expliquent l'opposition des Tibétains au projet appelé "Western China Poverty Reduction Project" (WPRP). Premièrement, ce projet renforce la politique chinoise de transferts de population qui a déjà eu pour effet de rendre les Tibétains minoritaires dans leur propre pays. Deuxièmement, ce projet aura de graves conséquences pour l'environnement. Or, celles-ci n'ont pas été suffisamment prises en compte dans l'évaluation de l'impact environnemental. Troisièmement, la Chine pourrait recourir aux travaux forcés, une pratique courante pour la mise en valeur des terres. Cette zone fait en effet partie du réseau de camps de travaux forcés (lagoaï) depuis les années 50. Quatrièmement, le projet est présenté hâtivement pour approbation, sans que les propres directives de la Banque Mondiale en matière d'évaluation environnementale et de déplacement de populations ne soient respectées. Cinquièmement, les populations concernées, notamment celles qui vivent dans la zone visée, n'ont pas été consultées de façon adéquate.

 

"Ce projet viole les propres politiques de la Banque Mondiale" déclare Pam Foster, coordinatrice d'Initiative d'Halifax, une coalition canadienne qui s'attache à réformer les institutions financières internationales. "Il va à l'encontre des politiques de la Banque en matière de protection de l'environnement, d'information du public et de déplacements de populations. La Banque essaye-t-elle de faire accepter à la hâte les projets d'un puissant emprunteur ? Il est fort douteux que le projet puisse même atteindre son objectif principal, qui est la réduction de la pauvreté."

 

Les autorités chinoises ont répondu à la campagne internationale par un communiqué publié le 17 juin 1999 par l'agence de presse Xinhua. L'agence officielle cite des responsables chinois déclarant que la controverse a été lancée par des organisations "séparatistes" et s'inscrit dans le cadre d'un complot international "anti-chinois" dirigé par des pays occidentaux.

 

Mais les Tibétains soutiennent que s'ils ne peuvent exprimer leur désaccord sans être taxés de séparatistes et d'anti-chinois des crimes sanctionnés par de lourdes peines de prison aujourd'hui en Chine la violation de leurs droits les plus fondamentaux pourrait dépasser de beaucoup les violations découlant du projet lui-même.

 

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Pour information :
Pam Foster, Initiative d'Halifax, 613-789-4447
Thubten Samdup, Comité Canada Tibet, 514-867-6770