Mise à jour - le 30 novembre 2006

NOUVELLES RÉCENTES concernant LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES INTERNATIONALES

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 Mouvement d’intérêt pour les activités du secteur extractif canadien à l’étranger

Ce mois-ci, la dernière des tables rondes nationales sur la responsabilité sociale des entreprises et les industries extractives canadiennes dans les pays en développement s’est tenue à Montréal (voir Issue Update, 30 avril 2006). À la demande générale, on y a alloué plus de temps aux séances publiques qu’à toutes les autres consultations antérieures. Les participants à cette table ronde ont entendu diverses perspectives exprimées par un nombre impressionnant d’intervenants. Une participante indonésienne a décrit de quelle façon sa communauté est touchée par les activités d’une compagnie minière canadienne. John Ruggie, représentant spécial du Secrétaire général pour la question des droits de l’homme et des entreprises, s’est aussi adressé aux participants.

Les séances de discussion d’« experts » à huis clos ont porté, entre autres, sur l’importante question de la capacité de l’État hôte à régir les activités des entreprises canadiennes du secteur extractif sur son territoire. Les participants ont examiné de quelle façon les politiques, programmes et pratiques de crédit des banques multilatérales de développement entravent la capacité de gouvernance des gouvernements du Sud. Les experts se sont aussi demandé dans quelle mesure l’aide bilatérale, le commerce et les politiques de crédit du Canada nuisent à la capacité de gouvernance. Enfin, les participants ont débattu un certain nombre de propositions de politiques visant à améliorer la capacité de gouvernance des pays hôtes, par des avenues tant bilatérales que multilatérales.

Le rapport final des tables rondes, comprenant une série de recommandations au gouvernement du Canada, sera rendu public au début de la Nouvelle Année.


Réseau canadien sur la reddition de comptes des entreprises
http://www.halifaxinitiative.org/index.php/Issues_CNCA

Une nouvelle carte fait ressortir les projets miniers canadiens problématiques

L’industrie minière canadienne se dépeint souvent comme composée d’entreprises responsables et qualifie de « pommes pourries » celles qui ont des activités socialement et écologiquement destructives à l’étranger. Or une nouvelle carte produite par la Coalition de l’Initiative d’Halifax, qui fait ressortir 23 projets miniers canadiens dans le monde, vise à déboulonner ce mythe. Élaborée parallèlement aux Tables rondes nationales sur les industries extractives (voir plus haut), cette carte veut attirer l’attention sur le fait que le gouvernement canadien soutient de nombreux projets miniers, y compris ceux qui présentent des problèmes environnementaux et sociaux. Elle servira aussi d’outil de conscientisation sur les effets de l’activité minière canadienne dans les pays en développement et sur la nécessité de mettre en place des outils réglementaires contraignants pour régir ces activités.


Carte de l’activité minière canadienne
http://www.halifaxinitiative.org/miningmap


La Chine en Afrique – altruiste, opportuniste ou réaliste?

Lors du Forum sur la coopération sino-africaine de novembre dernier, la Chine a dévoilé une nouvelle politique d’aide, de commerce et d’investissements massifs à l’égard de l’Afrique. Entre autres, la Chine double son aide actuelle à l’Afrique d’ici 2009, ajoute 5 milliards $ en prêts préférentiels et crédits à l’exportation, crée un fonds Chine-Afrique de 5 milliards $ pour promouvoir l’investissement privé et annule la dette bilatérale contractée jusqu’en 2005 par tous les pays africains pauvres très endettés et les pays les moins avancés.

Cette annonce a hérissé le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, car la Chine refuse d’assortir ses initiatives de conditions habituellement associées aux prêts de la Banque. Wolfowitz a déclaré que ce plan mine les efforts de la Banque pour lutter contre la corruption, promouvoir la transparence et la responsabilité et protéger les travailleurs et l’environnement dans cette région. Le président de la Banque craint aussi que le plan de la Chine n’entraîne une crise de l’endettement pour le continent, alors que la Banque vient tout juste de négocier un allégement de la dette pour de nombreux pays africains. Wolfowitz est probablement préoccupé également par l’influence décroissante de la Banque dans cette région. Les investissements de la Chine dans quelques pays d’Afrique seulement dépassent déjà ceux de la Banque dans l’ensemble de l’Afrique.

Le plan chinois inquiète aussi les écologistes et les défenseurs des droits humains. Les investissements prévus porteront sur la grande infrastructure et les projets pétroliers, gaziers et miniers, et ils seront appliqués dans des pays peu respectueux des droits de la personne, comme le Soudan et l’Angola.


La Chine s’apprête à dépasser la Banque mondiale comme premier créancier de l’Afrique (en anglais) http://www.financialexpress.com/fe_full_story.php?content_id=145426
La Chine double son aide et ses investissements en Afrique (en anglais) http://www.twnside.org.sg/title2/finance/twninfofinance010.htm


Babillard

  • Samy Watson entreprend son mandat comme administrateur canadien de la Banque mondiale, en remplacement de Marcel Massé. M. Watson a été sous-ministre de l’Agriculture pendant quatre ans, puis sous-ministre de l’Environnement sous le régime de Stéphane Dion, et il a été brièvement conseiller spécial au Bureau du Conseil privé.
  • L’Assemblée générale de l’ONU a résolu de tenir une Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, à Doha au Qatar, dans la seconde moitié de 2008. Le processus préparatoire commencera en 2007. http://www.un.org/esa/ffd
  • Le FMI a perdu un autre client en novembre lorsque l’Uruguay a annoncé le remboursement total de sa dette de 1,08 milliard $ avant l’échéance. Le ministre uruguayen des Finances a déclaré publiquement que ce remboursement mettrait fin aux conditionnalités économiques du FMI en Uruguay.
  • Le 17 novembre, les gouverneurs de la Banque interaméricaine de développement(BID) ont convenu d’étendre l’allégement de la dette aux cinq pays pauvres très endettés d’Amérique, soit la Bolivie, le Guyana, Haïti, le Honduras et le Nicaragua. Les modalités et les montants de l’entente seront déterminés dans la prochaine année. 
  • Le 21 novembre, le conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé un montant de 520 millions $ en prêts et assurance pour une usine de pâte à papier controversée en Uruguay (Issue Update, 30 avril 2006), malgré une lettre du président de l’Argentine à Paul Wolfowitz, demandant que la décision soit suspendue jusqu’à ce que la Cour internationale de justice ait statué sur un cas présenté par l’Argentine à l’encontre du projet. La Banque a jugé que le projet ne pose pas de risques à l’environnement ni aux résidants locaux. http://www.alertnet.org/thenews/newsdesk/N09586278.htm 
  • L’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI) a lancé deux nouveaux sites Web. Le Political Risk Insurance Center (http://www.pri-center.com/) fournit des renseignements sur la diminution des risques politiques et non commerciaux auxquels sont soumis les investissements dans les pays en développement. Le second site, http://www.fdi.net/, offre des analyses sur demande et des renseignements sur tout ce qui a trait à l’investissement étranger direct dans 175 pays.

Nouvelles publications

  • « Trade, Aid and Security: An agenda for Peace and Development », IISD et IUCN (à venir). Préfacé par l’ex-ministre canadien des Affaires étrangères Lloyd Axworthy, ce livre porte sur la façon dont l’exploitation des ressources naturelles peut entraîner des conflits violents à l’échelon régional ou international et sur le rôle que jouent les politiques en matière d’aide et de commerce dans l’exacerbation ou la diminution du potentiel de conflit. http://www.iisd.org/security/tas/
  • « Flying Low: The UK Export Credit Guarantee Department and Climate Change », WWF. Ce rapport compare l’approche du changement climatique par l’Export and Credit Guarantee Department (ECGD) britannique et celles d’autres ministères du gouvernement britannique – et note des incohérences significatives. http://www.wwf.org.uk/news/n_0000003178.asp

Événement à venir

  • Prix John-Humphrey pour la Liberté 2006, honorant Mme Su Su Nway de la Birmanie, le 6 décembre, Musée canadien de la civilisation, Ottawa.

LES FAITS : Gouvernance, Banque mondiale et industries extractives

La Revue des industries extractives (EIE) de la Banque mondiale (voir Fiche d’information, juin 2006) accordait une haute priorité à la question de la capacité du gouvernement hôte et examinait de près le lien entre les résultats des investissements dans le domaine extractif et les questions de gouvernance et de développement. Le rapport final de l’EIE, Vers un nouvel équilibre, allègue que les investissements dans les domaines du pétrole, du gaz et des mines sont peu susceptibles de contribuer à la réduction de la pauvreté dans les pays dont la gouvernance est faible.

La EIE note que « [l]e Département de l’évaluation des opérations (DEO) [du Groupe de la Banque mondiale (GBM)] a remarqué qu’au cours de la période 1990-99, la relation entre la dépendance des industries extractives et la croissance économique était négative pour tous les pays emprunteurs du GBM. En relation aux Objectifs de développement pour le millénaire auxquels a adhéré la communauté internationale en septembre 2000, les pays dépendant des industries extractives pour leurs exportations sont susceptibles d’atteindre seulement une réduction de la malnutrition infantile, les autres objectifs, plus particulièrement un meilleur accès à l’eau potable et la réduction de la mortalité infantile, de la mort en couches et du SIDA, ont moins de chance d’être atteints. »

La EIE conclut que « [l]a différence clé entre les états riches en minerais et en pétrole en pleine croissance et ceux qui avancent avec peine, réside dans la qualité des institutions et des politiques gouvernementales. Lorsque les gouvernements ne sont pas corrompus, qu’ils agissent avec discernement pour éviter la surévaluation des devises, promulguent des politiques non cycliques, gèrent correctement les revenus imprévus, et promeuvent les besoins des populations pauvres, les revenus du développement du pétrole, du gaz et des ressources minières peuvent contribuer à la réduction de la pauvreté. »


Revue des industries extractives de la Banque mondiale : Vers un nouvel équilibre. Décembre 2003.
http://iris36.worldbank.org/domdoc/PRD/Other/PRDDContainer.nsf/All+Documents/85256D240074B56385256FF600684C58/$File/volume1french.pdf